(Français) Pour les Ministeres et Infrastructures de Paix

ORIGINAL LANGUAGES, 8 Jan 2024

David Adams | Transition to a Culture of Peace – TRANSCEND Media Service

1 janvier 2024 –Dans un monde déchiré par les guerres en Ukraine et en Palestine, et menacé par les Biden, Poutine et Netanyahu, nous ne devons pas oublier le travail lent et patient de ceux qui cultivent la paix.

À cet égard, j’ai dit ce qui suit lors d’une vidéoconférence de l’Alliance globale pour les ministères et les infrastructures pour la paix organisée par Vijay Mehta.

Les gens ne voulent pas la guerre, les pays militaristes doivent prétendre qu’ils travaillent pour la paix.

Mais c’est une imposture. C’est ce que j’ai appris de mon expérience pendant dix ans à l’UNESCO !

J’en ai été averti en 1993, lorsque nous avons lancé pour la première fois le programme Culture de la paix à l’UNESCO. Nous avons invité les Nations Unies à envoyer un représentant à notre première réunion internationale qui préparait les programmes nationaux de culture de paix pour donner suite aux accords de paix au Salvador et au Mozambique. Le secrétaire général Boutros-Ghali n’a pas pu venir mais il a envoyé Álvaro de Soto, qui avait négocié les accords de Chapultepec qui ont mis fin à la guerre civile au Salvador (une guerre alimentée par les États-Unis et leurs alliés). De Soto nous a dit qu’il ne fallait pas s’attendre à un soutien aux programmes nationaux de culture de paix, puisque les États-Unis et l’Europe ont refusé de fournir l’aide qu’ils avaient promise lors de la signature des accords de Chapultapec.

De Soto avait raison. Grâce à de grands efforts et à une diplomatie patiente, nous avons réussi à amener les anciens ennemis du Salvador et du Mozambique à développer des propositions de projets communs dans les domaines de l’éducation, de la culture et de la communication, mais quand est venu le temps de les financer, les États-Unis et les Européens, à une exception près, ont refusé d’apporter leur soutien. L’ambassadeur américain au Mozambique m’a dit personnellement que leurs seules aides consistaient simplement à financer les partis politiques de la Renamo et du Frelimo, les partis politiques représentant les deux côtés de la guerre civile précédente. Les fonds du Parti républicain américain sont allés à la Renamo et les fonds du Parti démocrate américain au Frelimo afin de les corrompre et de reproduire un système bipartite corrompu à l’américaine. Il n’y avait pas d’argent pour la paix. . .

Finalement, nous avons dû abandonner tous les programmes nationaux de culture de la paix développés par l’UNESCO à cause de manque de financement. À propos, l’un d’eux était un vaste programme de culture de la paix en Fédération de Russie.

Au lieu de cela, nous avons développé l’implication de la société civile et des individus dans l’Année internationale de la culture de la paix décidée par le système des Nations Unies pour l’an 2000. 75 millions de personnes ont signé le Manifeste 2000, promettant de développer une culture de la paix « dans ma vie quotidienne, dans ma famille, mon travail, ma communauté, mon pays et ma région.” Cela représente un pour cent de la planète ! Et malgré l’opposition persistante des États-Unis et des Européens, grâce au travail de l’ambassadeur du Bangladesh, Anwarul Chowdhury, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la Déclaration et le Programme d’action pour une culture de la paix que nous avions proposés de l’UNESCO.

Tout cela a été réalisé à l’UNESCO grâce à l’engagement de son Directeur général Federico Mayor. Mais une fois son mandat expiré, il a été remplacé par un Directeur général sous l’influence des États-Unis. Il a nommé un nouveau directeur de programme qui m’a dit sans ambages : « Une partie de ma tâche consiste à se débarrasser de vous et à enterrer votre programme ». Il a même écrit un memo au bureau de New York leur interdisant de me permettre d’entrer dans le bureau une fois que j’aurais pris ma retraite aux États-Unis.

Après avoir quitté l’UNESCO, afin de comprendre ce qui s’était passé, j’ai fait des recherches et écrit le livre L’histoire de la culture de la guerre.
Il existe de nombreuses histoires de guerre, mais celle-ci est la première histoire qui traite de la culture qui sous-tend la guerre, qui la prépare et la soutient.

Il y a deux conclusions principales à l’Histoire de la culture de la guerre.

La première conclusion est qu’au cours de l’histoire, l’État-nation en est venu à monopoliser la culture de la guerre. Seul l’État peut faire la guerre. Seul l’État peut tuer. Les peuples autochtones, les villes, les entreprises privées et les syndicats du crime qui auparavant faisaient la guerre étaient désormais empêchés de le faire, c’est-à-dire « pacifiés ». Comme l’expliquait le grand sociologue Max Weber, la définition même de l’État est devenue l’organisation sociale détenant le monopole de la violence sur son territoire.

La deuxième conclusion vient de ma première remarque selon laquelle les gens ne veulent pas de guerre. Pour cette raison, à mesure que la démocratie progressait dans le monde, les gouvernements nationaux ont été contraints de convaincre leurs citoyens qu’ils étaient menacés par un ennemi. Autrement, ils ne pourraient pas justifier leurs préparatifs militaires et leurs guerres. Et comme il n’y avait généralement pas de véritable ennemi, ils ont dû contrôler et manipuler l’information, notamment les médias, pour convaincre les électeurs qu’ils étaient attaqués.

Habituellement, le contrôle des gouvernements sur les médias reste caché, mais il est apparu à un moment donné après la guerre américaine au Vietnam. Le sénateur Frank Church (de l’état improbable de l’Idaho) a tenu une commission au Sénat concernant le contrôle du gouvernement sur les médias pour soutenir la guerre. La commission a révélé que tous les grands médias étaient controlés et manipulés par la Central Intelligence Agency afin de fabriquer un soutien à la guerre. Mais quand ils sont entrés dans les détails, la commission a été rendue secrète. Le grand journaliste américain Carl Bernstein assista à la commission et rédigea un compte rendu détaillé. Mais tous les grands médias ont refusé de publier son récit et il l’a finalement publié dans le magazine Rolling Stone. Heureusement, son article est toujours disponible sur Internet.

Lorsque nous examinons les comptes rendus médiatiques de la guerre en Ukraine, nous constatons que tous les grands médias imputent simplement la guerre à la Russie et prennent le parti de l’OTAN, encourageant leur fourniture d’armes pour étendre la guerre. De toute évidence, les médias sont contrôlés et manipulés par les gouvernements de l’OTAN, tout comme ils l’étaient pendant la guerre du Vietnam. Aux États-Unis, non seulement les médias, mais aussi les institutions artistiques, les associations caritatives, les églises et les universités reçoivent des fonds du complexe militaro-industriel afin d’acheter leur conformité.

Pour cette raison, alors que j’étais encore à l’UNESCO en 1998, j’ai développé et maintenu le Culture of Peace News Network , qui fournit des informations indépendantes sur Internet sur la culture de la paix. Heureusement, nous ne sommes pas seuls. Il existe également d’autres médias indépendants qui ne sont pas contrôlés par les gouvernements, même s’ils sont parfois attaqués, comme Julian Assange en a fait l’expérience lorsqu’il a publié la culture des secrets de guerre du gouvernement américain.

La culture de guerre des gouvernements peut-elle être changée ? C’est clairement l’objectif de ceux qui luttent pour développer des ministères gouvernementaux et des infrastructures de paix.

Ce n’est pas une tâche facile, car elle se heurte à l’opposition du complexe militaro-industriel et d’autres qui profitent de la guerre.

Prenez, par exemple, l’US Institute of Peace, créé en 1984 à la suite d’une longue lutte de militants pacifistes, dont mon bon ami Paul Kimmel. Il était clairement destiné à être une infrastructure pour la paix. Mais lorsqu’il a été créé par le Congrès américain, celui-ci a confié le contrôle de l’Institut au Pentagone, l’armée américaine. Ainsi, lorsque les États-Unis ont décidé d’envahir l’Afghanistan en octobre 2001 et que la chargée de programme et formatrice principale de l’Institut, Barbara Wien, s’est prononcée contre l’invasion, elle a été forcé de démissionner.

Cela signifie-t-il que la lutte est impossible ? Seul le temps nous le dira.

Cela signifie-t-il que la lutte est inutile ? Pas du tout!

En fait, la lutte elle-même est très importante : elle oblige l’État-nation à abandonner sa fausse promotion de la paix et à se révéler comme la véritable source de la culture de guerre. Cela révèle que la lutte pour une culture de paix est une lutte politique ! Cela élève notre conscience. Cela suscite la juste indignation qui est le carburant psychologique dont nous avons besoin pour lutter pour la paix.

La paix ne peut être atteinte par la méditation, par la communication non-violente, par le yoga, par la recherche de la « paix intérieure ». Ces formes de soi-disant « activisme pour la paix » peuvent servir à détourner l’attention de la véritable lutte, qui est politique !

La lutte politique est-elle dangereuse ? Demandez à Julian Assange et Mordecai Vanunu. Demandez ce qui est arrivé au Mahatma Gandhi, à Nelson Mandela, à Martin Luther King Jr.

Mais il n’y a pas de tâche plus grande ni de tâche plus noble que d’œuvrer à la transition d’une culture de guerre à une culture de paix. L’avenir du monde est en jeu.

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Dr. David Adams est membre du TRANSCEND Network for Peace Development Environment et coordinateur du Culture of Peace News Network. Il a pris sa retraite en 2001 de l’UNESCO où il était directeur de l’Unité pour l’Année internationale des Nations Unies pour la culture de la paix. Auparavant, aux universités de Yale et de Wesley, il était un spécialiste des mécanismes cérébraux du comportement agressif, de l’histoire de la culture de la guerre et de la psychologie des militants de la paix. Envoyez lui un email.

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