(Français) La Démocratie Peut-Elle Survivre ? Peut-Être en Afrique et en Amérique Latine

ORIGINAL LANGUAGES, 6 May 2024

David Adams | Transition to a Culture of Peace – TRANSCEND Media Service

1er mai 2024 Il y a quelques mois, j’affirmais sur ce blog que nous assistions « au début de la fin de la démocratie bourgeoise ». J’étais pessimiste quant à la possibilité que la démocratie survive sous une autre forme.

Mais les nouvelles du bulletin CPNN de ce mois-ci donnent l’espoir que la démocratie pourra peut-être survivre en Afrique et en Amérique latine, relativement libre du contrôle de la bourgeoisie (c’est-à-dire les grands capitalistes) qui gouvernent en Europe et en Amérique du Nord.

Lula da Silva, ancien syndicaliste et opposant à la classe capitaliste, reste en pouvoir en tant que président du Brésil. Comme le soulignait le blog précédent, “Comme d’autres pays d’Amérique latine, le Brésil développe une culture de paix qui peut soutenir une véritable démocratie”. Dans son récent discours devant l’Union africaine, Lula a déclaré : “Nous relançons notre démocratie et la rendons de plus en plus participative”.

S’adressant à l’Union africaine, Lula a déclaré : “Je viens réaffirmer le partenariat et le lien entre notre pays, notre peuple et nos continents frères”. Il a souligné que la moitié de la population du Brésil considère que ses ancêtres sont originaires d’Afrique et a conclu en disant : « Reprendre le rapprochement du Brésil avec l’Afrique signifie retrouver les liens historiques et contribuer à la construction d’un nouvel ordre mondial plus juste et plus solidaire. Surtout cela nous permet d’unir nos forces pour surmonter les défis qui nous attendent. »

Parmi les défis, il a abordé la question de la démocratie : « Nous devons créer une nouvelle gouvernance mondiale capable de faire face aux défis de notre temps. . . . Seul un projet social inclusif nous permettra d’établir des sociétés prospères, libres, démocratiques et souveraines.. Il n’y aura pas de stabilité ni de démocratie si la faim et le chômage persistent. »

Un mois après la visite de Lula en Afrique, le Sénégal a élu un nouveau Président, Bassirou Diomaye Faye, dont son discours inaugural s’inscrit dans la lignée du message de Lula : « mon rôle, et je compte l’assumer pleinement, est de tendre la main à toutes et à tous, pour rassembler, rassurer, apaiser et réconcilier, afin de conforter la paix, la sécurité et la stabilité indispensables au développement économique et social de notre cher pays. »

Les promesses suivantes de Fay sont particulièrement importantes : « nous demeurons fermement engagés dans la construction de l’intégration africaine et la réalisation des objectifs de la Zone de libre-échange continentale africaine. » et « conforter notre souveraineté en rompant les chaines de la dépendance économique. »

En fait, l’indépendance politique de l’Amérique latine et de l’Afrique, acquise après la Seconde Guerre mondiale, ne s’est pas accompagnée d’une indépendance économique. Comme souligné dans un blog précédent, « Les faits sur le néocolonialisme », si l’on inclut les transactions secrètes et illégales, le flux net de ressources du Sud vers le Nord est 24 fois supérieur à l’aide humanitaire fournie par le Nord.

Au cours de l’année écoulée, un certain nombre de pays africains ont connu des coups d’État militaires qui ont renversé des dirigeants corrompus par leurs liens économiques avec les capitalistes d’Europe et d’Amérique du Nord. Voir, par exemple, l’article de Mali. Il est donc significatif que le président Faye consacre une grande partie de son message inaugural à l’éloge de l’armée sénégalaise. L’avenir de la démocratie africaine, ainsi que celui de l’Amérique latine, dépend de la capacité de ces régions à se libérer de l’exploitation économique de l’Europe et de l’Amérique du Nord. À cet égard, la remarque de Lula à l’Union africaine est prometteuse : « La consolidation des BRICS en tant qu’arène la plus importante au monde pour l’articulation des pays émergents est une avancée indéniable. » Comme indiqué dans un précédent blog, les BRICS offrent une alternative économique aux pays qui souhaitent échapper de leur dépendance vis-à-vis du néocolonialisme américain et européen.

Ailleurs dans le monde, le bulletin du CPNN de ce mois-ci comprend également les discours de plusieurs candidats politiques en Europe et en Amérique du Nord qui tentent de rompre avec le contrôle strict de la classe capitaliste. Les discours sont éloquents de Jean-Luc Mélanchon en France et de Jill Stein et Cornel West aux États-Unis, mais ils n’ont aucune chance de gagner dans les élections contrôlées par la classe capitaliste et ses médias.

Au Moyen-Orient et en Asie, nous semblons encore plus loin de la survie de la démocratie. La promesse du Printemps arabe d’il y a quelques années semble désormais appartenir à un passé lointain. L’Inde votera bientôt lors d’élections nationales qui risquent d’aboutir à une victoire des nationalistes hindous, ce qui pourrait transformer l’Inde en un État religieux semblable à ceux de l’Iran et d’Israël qui ont eu des résultats si désastreux. Au Pakistan, les récentes élections ont vu la défaite des candidats qui réclamaient l’indépendance économique et politique. Ailleurs en Asie, les nouvelles en matière de démocratie ne sont pas plus prometteuses.

Ce n’est pas un hasard que les régions qui ont un certain espoir de survie de la démocratie sont celles qui sont à la pointe du développement d’une culture de paix, Afrique and Amérique latine comme nous l’avons déclaré dans des blogs précédents, ainsi que dans les bulletins du CPNN, comme celui de juin dernier. Le développement d’une véritable démocratie nécessite non seulement le développement d’une économie au service de tous, mais également une culture de la paix.

Cela ressemble à un autre truisme historique que j’ai compris il y a 50 ans lorsque je suis allé travailler en Union soviétique, dans l’espoir de voir le socialisme se développer comme une alternative au capitalisme que j’ai connu en tant qu’Américain résistant à la guerre du Vietnam. J’attendais chaque année la publication soviétique de leurs chiffres économiques, m’attendant à des progrès qui pourraient dépasser ceux des pays capitalistes. Mais en examinant attentivement les chiffres, je me suis rendu compte qu’ils étaient falsifiés. Engagée dans la course aux armements avec l’Occident sur la base d’une économie deux fois moins importante, l’Union soviétique a consacré toutes ses ressources au militaire. Et bien sûr, son économie a fini par s’effondrer, suivie par l’ensemble de sa structure politique. J’en ai conclu que le capitalisme gagnera toujours dans une culture de guerre et que le socialisme nécessite une culture de paix.

Il semble que les lois de l’histoire établissent certaines priorités, qu’une culture de paix doive précéder la survie de la démocratie et le développement du socialisme.

L’Amérique latine et l’Afrique nous donnent l’espoir qu’un tel autre monde est possible.

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Dr. David Adams est membre du TRANSCEND Network for Peace Development Environment et coordinateur du Culture of Peace News Network. Il a pris sa retraite en 2001 de l’UNESCO où il était directeur de l’Unité pour l’Année internationale des Nations Unies pour la culture de la paix. Auparavant, aux universités de Yale et de Wesley, il était un spécialiste des mécanismes cérébraux du comportement agressif, de l’histoire de la culture de la guerre et de la psychologie des militants de la paix. Envoyez lui un email.

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